Nouvelle Rubrique: Visite de découverte dans les recoins d’Ayiti–Tout kwen Ayiti

« Je suis dans un gîte rural dans l’arrière-pays pour être au calme ». Loin, je crois, des bruits de coups de feu, des cris des autres qui fuient l’arrivée des gens armés, loin, je crois, de la senteur des corps calcinés et des maisons, des taudis et des supermarchés qui brûlent, brûlent à n’en plus finir. Mais pour combien de temps, je me demande. Peut-être s’arrêteront-ils dans ces confins de l’arrière-pays qui, j’espère, n’est pas à « vendre » également, je suppose , comme ces zones du littoral de Port-au-Prince, comme c’était annoncé dans le journal quotidien centenaire, sous le gouvernement Préval, ce journal qui nous dit toujours que  » que tout va très bien Madame la Marquise ».

En attendant, je suis assis, accroupi, devant un gîte rustique dans l’arrière-pays, regardant, admirant même ces « gueux » qui ne connaissent rien de cet enfer qu’est devenue la ville de Port-au-Prince ou Port-aux-Crimes. Oui, ces braves que l’on appelle « moun lan mòn » passent devant mes yeux ébahis, tirant sur leur bétail, avec une aise sans pareil. Des cochons, des cabris, de gros bœufs… Ils parlent, ils bavardent, ils rient aux éclats; ils passent parfois en silence, me jettant un regard furtif. Leur accent sonne de manière étrange à moi.

Oui, je suis dans l’arrière-pays que n’ai jamais connu. Cet enfer-là qui brûle là -bas à l’ouest, le nord ou le sud–je ne sais plus–de là ou je suis pour le moment, loin de moi.

N’est-il pas une bonne occasion pour d’autres de découvrir le vrai sens du mot « agriculture », « agricole » pour Haïti, ou mieux pour moi, Ayiti car je n’ai pas à chercher tout le temps le i tréma ? Je n’en sais rien car je ne suis pas un politicien, mais un simple mec qu’on a chassé de chez soi, une mallette dans la main, le feu au cul.

Recueilli par EDM